Le cabinet d’art d'Alex et Sophie

M-cenassen Alex en Sophie

© M Leuven, foto: Eva Donckers

PORTRAIT D’UN M-CÈNE

Le cabinet d’art d'Alex et Sophie

Alex Van den Bossche (56 ans) et son épouse Sophie D’Hollander (52) sont depuis toujours entourés d’art. Ils ont grandi l’un et l’autre dans une famille d’amateurs d’art. Aux cours des années, ils se sont constitué eux aussi une collection par ailleurs très particulière, car basée sur les cabinets d’art du 17ème siècle.

M-cenassen Alex en Sophie

© M Leuven, foto: Eva Donckers

Professionnellement, je suis chef d’entreprise. Mais les cabinets d’art sont notre passion.

Alex Van den Bossche

« A l’époque, les amateurs d’art avaient pour ambition de se constituer une collection qui aurait été un reflet de l’ensemble du monde connu. Il y avait quatre catégories d’ objets: preciosa, des objets d’art précieux; naturalia, des objets naturels tels que coraux, minéraux et coquillages; scientifica, des instruments scientifiques; et enfin la plus vaste catégorie, exotica, des pièces provenant de pays lointains. Ceci étant bien sûr vu depuis l’Europe du 17ème siècle. » 

 

« Professionnellement, je suis chef d’entreprise. Je dirige une entreprise, GrindoSonic, qui élabore, construit et commercialise des systèmes de mesure. Mais les cabinets d’art sont notre passion. Nous en avons nous-même créé un chez nous, le cabinet d’art Porfirius, mais nous occupons aussi de promouvoir le concept.C’est ainsi que nous participons chaque année à la foire d’art Brafa à Bruxelles. Nous voulons aider les gens à se constituer leur propre cabinet d’art. Nous livrons des objets et nous apportons notre aide à l’aménagement du cabinet. »

 

Appauvrissement culturel

Vous faites également partie des M-cènes du musée M. Pourquoi avez-vous choisi d’apporter une aide financière au musée?

« C’est parce que les musées jouent un rôle important dans notre société. Personnellement, je trouve que notre culture s’appauvrit et qu’il y a de moins en moins d’intérêt pour l’art. On le voit très bien si on prend pour exemple le nombre de marchands d’art au Sablon à Bruxelles. Il y a trente ans ils étaient deux cents, et aujourd’hui ils ne sont plus que vingt. Les musées peuvent peuvent contrecarrer cette tendance et contribuer à redonner à la culture la place qui lui revient dans la société. Autrement, il ne restera plus que Facebook et les jeux sur ordinateur. »

 

« Notre choix en faveur de M est également lié au fait que nous avons fait nos études à Louvain. Nous habitons à présent Neerijse, mais nous continuons de nous sentir d’une certaine façon Louvanistes. »

 

Votre soutien à M n’est donc pas que financier?

« Non. Sophie fait du volontariat: s’occuper de mailings, de l’administration en coulisses aussi, recevoir des gens… Il y a quelques années, elle aussi collaboré à une exposition mise sur pied de a à z par une vingtaine de volontaires encadrés par des professionnels. Une belle réussite selon moi, et je ne dis pas ça uniquement parce qu’il se fait que je connais bien Sophie (rit). »

 

« En 2016 s’est tenue au M une exposition consacrée à un peintre du 17ème siècle, Hendrik De Clerck. Dans le cadre de cette exposition, M a alors installé un beau cabinet d’art hexagonal et c’est nous qui avons fourni les objets qui le garnissaient à disposition. Et ils provenaient justement de notre collection personnelle. »

 

Il est permis de toucher

Il y a quelque temps d'autres M-cènes sont venus faire une petite visite à votre cabinet d’art. Comment cela s’est-il passé? 

« C’était très agréable! Cette excursion était organisée par M et nous avons pu accueillir entre 25 et 30 personnes. Nous avons commencé par donner quelques explications concernant le concept même de cabinet d’art. Ce n’est pas rien :  il y a ici des objets d’art venus du monde entier et ils ne se disputent jamais (rit). Ensuite nous avons fait passer quelques objets de chaque catégorie de main en main. Le fait de pouvoir toucher des objets d’art offre une expérience tout à fait différente. Il y a eu par exemple beaucoup d’intérêt pour un fragment de vase égyptien en granit. Il a quand même trois mille ans, mais présente des surfaces bien planes, c’est parfaitement travaillé et poli… De la belle ouvrage! On se demande vraiment comment ils ont pu arriver à ce résultat avec les outils dont ils disposaient. »

 

Est-ce qu’il est difficile de dénicher des objets?

« Non, ce n’est pas simple. Nous cherchons littéralement dans le monde entier. Mais parce que nous sommes présents à la Brafa, des collectionneurs viennent nous proposer des pièces. Ca marche dans les deux sens. »

 

Pour terminer : quelle est la pièce maîtresse de votre cabinet d’art?

«Je dirais : un ensemble de coupes tournées en bois de tilleul. Nous croyons qu’elles proviennent du château de Rosenborg à Copenhague, un domaine royal qui disposait de ses propres tourneurs sur bois. Pouvoir mettre la main sur de tels objets, c’est vraiment exceptionnel. »