Souffleur, que signifie « perspective atmosphérique »?

‘Het Laatste Avondmaal’ (detail), Dieric Bouts, Collectie M Leuven

‘Het Laatste Avondmaal’ (detail), Dieric Bouts, Collectie M Leuven, foto: © Dominique Provost voor Meemoo, Art in Flanders

SOUFFLEUR

Perspective
atmosphérique

Comme tous les domaines, l'art a son propre vocabulaire. Dans « Souffleur », des collaborateurs de M expliquent et commentent des expressions que vous avez peut-être déjà entendues, mais dont vous ne savez pas – ou plus – ce qu'elles signifient exactement.

‘Het Laatste Avondmaal’ (detail), Dieric Bouts, Collectie M Leuven

‘Het Laatste Avondmaal’ (detail), Dieric Bouts, Collectie M Leuven, foto: © Dominique Provost voor Meemoo, Art in Flanders

Wies De Vos, médiateur culturel pour les expos : « À partir du XIVe ou XVe siècle, les peintres tentent d'en arriver à une représentation aussi réaliste que possible du monde. La perspective à point de fuite, par exemple, se répand de plus en plus. Elle est utile pour évoquer la profondeur quand on dispose de lignes droites, comme dans une pièce d'un bâtiment, mais leur application est difficile pour les paysages. »

 

« En revanche, on peut créer l'illusion de la profondeur dans un paysage par l'utilisation judicieuse des couleurs. Regardez bien la prochaine fois où vous vous trouvez à un endroit d'où l'horizon est clairement visible : plus les choses sont distantes, plus elles apparaissent comme floues et bleutées. Les peintres du XVe siècle l'avaient déjà remarqué ; ils appliquaient parfaitement ce principe en estompant et en teintant de bleu les éléments distants du paysage. L'effet doit son nom de “perspective atmosphérique” – ou “aérienne” – au fait qu'il est dû à la réfraction de la lumière dans l'atmosphère. »

‘Het Laatste Avondmaal’ (detail), Dieric Bouts, Collectie M Leuven

‘Het Laatste Avondmaal’ (detail), Dieric Bouts, Collectie M Leuven, foto: © Dominique Provost voor Meemoo, Art in Flanders

« On attribue souvent l'invention de la perspective atmosphérique à Léonard de Vinci, probablement parce que la technique est très présente dans sa “Joconde” et dans d'autres tableaux de l'artiste. Mais “notre” Dieric Bouts s'en servait déjà systématiquement et d'une manière très raffinée, par exemple sur l'un des volets de “La Cène”, œuvre peinte entre 1464 et 1468, donc 40 ans avant ‘La Joconde”. Sur ce panneau représentant le prophète Élie dans le désert, on voit bien que le paysage du fond devient graduellement plus bleu et plus indistinct. Cet effet ne se retrouve pas encore sur les toiles des contemporains italiens de Bouts ; leurs œuvres n'ont pas la même profondeur. Nous ne savons pas où l'artiste a pu découvrir ou apprendre à manier la perspective atmosphérique, mais il est évident qu'il en avait une connaissance approfondie. »