Dans les coulisses : les monteurs d’expositions à M

Naar een duurzaam museum: het Ecoteam van M

© Elias Derboven voor M Leuven

Dans les coulisses

Les monteurs d’expositions à M

Tijmen Bruyndonckx est directeur de production à M. Dès que la décision d’organiser une nouvelle exposition est prise, lui et son équipe commencent à la préparer et à la coordonner.

Naar een duurzaam museum: het Ecoteam van M

© Elias Derboven voor M Leuven

Il est interdit de toucher les œuvres ! Pour nous, c’est le contraire : il nous faut les toucher !

Tijmen Bruyndonckx
Directeur de production à M

« La première étape est la scénographie, disons, l’aménagement des salles du musée. Pour ce faire, nous utilisons un programme informatique, Sketchup, qui permet de déplacer les socles et les vitrines, de retirer ou d’ajouter des parois, de choisir des couleurs adaptées au style et au design du musée, d’attribuer un emplacement aux œuvres… Ainsi, on s’assure que chaque œuvre est mise en valeur et que chaque pièce raconte une partie de l’histoire. Parallèlement, il faut que ce soit réalisable sur le plan technique et financier, et le tout doit bien sûr être ignifugé aussi et rendu accessible à tous, aux enfants comme aux utilisateurs de fauteuils roulants. C’est un processus complexe, avec beaucoup de concertation et d’ajustements, jusqu’à ce que tout soit au point. »

Puzzle amusant

« Après la scénographie, la planification commence. Nous examinons ce que nous pouvons faire nous-mêmes et ce que nous devons sous-traiter, et à qui. Nous réalisons des dessins techniques, commandons du matériel, engageons des techniciens, établissons le calendrier de montage… À nouveau, un puzzle complexe. Par exemple, on ne peut pas peindre et scier dans la même pièce le même jour. »

 

« Ce n’est qu’une fois que tout cela est achevé que nous pouvons aménager les salles. Il faut compter facilement trois à quatre semaines. À la fin, les œuvres d’art sont soigneusement déballées et accrochées ou installées – c’est ce qu’on appelle la manutention des œuvres. Lorsqu’elles sont très délicates, nous travaillons avec des manutentionnaires spécialisés. Pour tout le reste de l’exposition, nous faisons appel à des free-lances ».

Naar een duurzaam museum: het Ecoteam van M

© Elias Derboven voor M Leuven

Il suffit d’être courageux

Jeroen Elsen et Bernd Lüttgerding sont deux de ces free-lances. Chaque fois qu’une exposition est organisée à M, ils sont disponibles. Tous deux sont eux-mêmes artistes : Jeroen est peintre, Bernd est écrivain. »

 

Jeroen : « Il y a sept ans, j’ai entendu que M recherchait des personnes pour monter une grande présentation de collection. Cela correspond à mon travail de peintre, et on me paie pour le faire ! Depuis, j’ai participé à quasi toutes les expositions ».

 

Bernd : « J’ai travaillé auparavant comme manutentionnaire d’œuvres d’art pour M, mais en 2018, j’ai pris une pause pour effectuer une résidence d’artiste à Bruxelles avec ma petite amie. Récemment, je suis revenu et je peux très bien combiner cette activité avec l’écriture. Je me dis qu’il suffit d’être courageux pendant quelques semaines (rires). »

Naar een duurzaam museum: het Ecoteam van M

© Elias Derboven voor M Leuven

Il faut toucher les œuvres

Jeroen : « On travaille généralement quelques semaines d’affilée : on démonte d’abord l’exposition précédente, puis on monte la suivante. Je fais généralement trois sessions par an. »

 

« Tout d’abord, on vérifie l’état des œuvres pour s’assurer qu’elles n’ont pas subi de dommages. Heureusement, cela arrive rarement. »

 

Bernd : « Ensuite, on peut se mettre au travail. On retire les œuvres du mur ou de leur socle et on les emballe. Pour les visiteurs, la règle est : interdiction de toucher les œuvres, mais pour nous, c’est le contraire. Il faut les toucher : avec précaution, bien sûr, et avec des gants blancs. »

 

Jeroen : « Lorsque les salles sont vides, on peut commencer à préparer l’exposition suivante. Monter de faux murs, peindre des murs, installer des socles et des vitrines… Pour les œuvres lourdes, on dispose d’outils spéciaux. Par exemple, des coussins de levage qu’on glisse sous une sculpture et qu’on gonfle ensuite – ils permettent de soulever les œuvres les plus lourdes. »

Rouge de honte

« Parfois, il faut aussi un peu d’improvisation. Dans la nouvelle présentation de la collection, DOKA, il y a une boîte à musique qui devait être exposée ouverte. Mais rien n’était prévu pour qu’elle le soit, alors on a trouvé une solution : une tige qui maintient la boîte ouverte sans l’abîmer. »

 

Tijmen : « Pour des objets sensibles, on travaille avec des “espaceurs” : une table extrêmement large, un marchepied… Ainsi, les visiteur·ses peuvent bien voir l’œuvre, mais ne peuvent pas facilement la toucher ».

 

Jeroen : « Il arrive parfois que les choses prennent une mauvaise tournure. Je travaillais depuis peu ici quand j’ai mal accroché un Rubens – j’avais bêtement fait une erreur de calcul. C’était assez embarrassant, car beaucoup de gens me regardaient : le commissaire de l’exposition, mais aussi une délégation du musée new-yorkais qui avait prêté l’œuvre. Heureusement, il n’y a pas eu de dégâts. Si ce n’est que j’étais rouge de honte (rires) ».

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© Elias Derboven voor M Leuven

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Penser avec l’artiste

Tijmen : « Pour l’art contemporain, on collabore souvent avec l’artiste. Parfois, on crée même de nouvelles œuvres ensemble. Comme The Gulf Project Camp: Drama, une installation de Wael Shawky. Notre équipe l’a montée avec l’un de ses assistants pour l’exposition Shawky en 2022. »

 

Bernd : « Les artistes contemporains sont généralement présents lorsqu’on installe leurs œuvres. C’est ce que je préfère : participer à l’élaboration d’une exposition. On a vraiment un rôle à jouer dans le processus de création, on réfléchit avec l’artiste. »

 

Jeroen : « Il arrive que les plans changent à la dernière minute. L’année passée, par exemple, lors de l’exposition individuelle de Huma Bhabha : quand elle a vu la salle, elle a voulu accrocher les œuvres un peu plus haut. Étant moi-même artiste, je peux le comprendre. C’est un peu de travail supplémentaire pour nous, mais je ne trouve jamais les artistes difficiles ou exigeants. Je sais à quel point exposer est important pour eux ».